Le Projet Pédagogique de l’AMO Color’Ados a été écrit en 2007 (quand l’ancien nom prévalait encore). Il est le fruit d’une supervision d’équipe menée par RTA ASBL en 2006. Un travail sur les valeurs du CEAJ de l’époque, défendues par les projets menés et la méthodologie développée dans le cadre de l’aide individuelle, a permis la  réécriture du Projet Pédagogique.

Introduction
 
L’AMO Color’Ados est un service d’Aide aux Jeunes en Milieu Ouvert agréé en catégorie 2 à partir du 1er juillet 1996 par arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 7 janvier 1997, publié au Moniteur Belge le 15 janvier 1998.
 
Ses missions sont définies par l’ « Arrêté du Gouvernement de la Communauté française modifiant l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 15 mars 1999 relatif aux conditions particulières d’agrément et d’octroi des subventions pour les services d’aide en milieu ouvert » du 2 octobre 2008.
 
Son territoire comprend inclusivement et exclusivement les communes de Braine-l’Alleud et Waterloo.
 
Philosophie générale
 
Le corps du Projet Pédagogique est l’exposé des valeurs que défend l’AMO Color’Ados. Les missions et la méthodologie sont particulièrement bien définies par l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française modifiant l’arrêté du Gouvernement de la Communauté française du 15 mars 1999 relatif aux conditions particulières d’agrément et d’octroi des subventions pour les services d’aide en milieu ouvert » du 2 octobre 2008.
 
Ainsi, le projet pédagogique de l’AMO Color’Ados a voulu laisser une place centrale aux axes qui sous-tendent ses actions et à l’aulne desquelles elles sont élues et évaluées.
 
En se référant à la théorie sociologique de Boltanski et Thévenot15, l’AMO Color’Ados a classé les quatre grandes sources de la critique qui fonde son action sociale, qui tiennent lieu donc de socle philosophique commun et de référentiel partagé.  Le modèle est fondé sur l'économie des conventions. Celui-ci part de l'idée que pour qu'il y ait échange, coordination, coopération entre des agents d’une institution ou d’une entreprise, il faut qu'il y ait des conventions entre les personnes concernées ; c’est-à-dire un système d'attentes réciproques entre les personnes sur leurs comportements et les valeurs développées ou véhiculées. Ces conventions peuvent être écrites ou non. C'est grâce à des systèmes d'équivalences partagés, des grandeurs communes, permettant à chacun de retrouver les repères qui vont guider ses relations dans la situation, la caractériser, que des relations entre personnes peuvent se nouer et qu’on peut créer au sein de l’institution une cohérence de pensée, d’action et de valeurs. Selon Boltanski et Thévenot, « ces grandeurs, ces systèmes se déploient dans des mondes régis par la cohérence des principes qui y sont activés. »
 
A cela s’ajoute deux axes majeurs qui engagent également les actions de l’AMO Color’Ados.
 
Ces valeurs forment ainsi un principe idéal qui sert de repère, de point de visée et d’ « instrument de mesure »  aux membres de l’équipe et aux projets développés. Ainsi, dans le processus électif, faisant suite au cadre de l’arrêté-mission, les projets se mesurent aux valeurs de l’institution, servant ainsi d’indicateur de priorité.
 
Ce corpus de valeurs est mobilisé pour assurer les missions du service telles que définies par l’arrêté:

  • L’égalité.

La lutte pour l’égalité s’inscrit dans sa dimension sociale et sa dimension économique. Il s’agit d’un principe central qui veut lutter contre toute situation inégalitaire (inégalité des savoirs, des positions, …). Il s’agit donc de sortir les individus des dynamiques qui les enferment dans des trajectoires inégalitaires. A cet égard, nous croisons cette valeur avec un travail mené par et avec le CAAJ de Nivelles sur un concept cher à Robert Castel, la désaffiliation sociale.  Exemple : permettre à des jeunes en difficultés d’acquérir des compétences communicationnelles de manière à les aider à exprimer leur point de vue et à se faire entendre. Exemple d’outil préconisé : la Communication-Non-Violente.

  • La liberté.

La lutte pour la liberté est à comprendre comme attention à permettre aux jeunes de ne pas être enfermés dans des logiques oppressives (idéologiques ou matérielles), à leur permettre de grandir en toute connaissance de cause, en toute souveraineté de leur personne. Il ne s’agit donc pas de voir la liberté comme fin en soi, mais comme condition à être. On sait la jeunesse visée comme segment important de diverses économies de consommation (alimentation, loisir, culture, habillement…) il nous est capital, dans notre action d’émancipation, de diminuer cette emprise.  Mais il n’y a pas que la logique consumériste qui emprisonne, on sait bien depuis « Stigmates » de Goffman, que les étiquettes appliquées sur les personnes induisent une « mise en scène » de cette étiquette par la personne elle-même, souvent à l’origine de nouveaux problèmes par le principe développé par Robert K Merton et repris par Paul Watzlawick : la prophétie autoréalisatrice. Nous relions cela au principe repris par l’avis 50 du CCAJ : « éviter que les réactions à cette violence globale ne se “ traduisent ” en réactions inopportunes, aptes par exemple à se retourner contre leurs protagonistes ».     Exemple : réaliser un travail sur l’image des jeunes quand celle-ci est écornée, falsifiée, réduite et caricaturée dans la société.
 

  • La solidarité.

La solidarité est la relation existant entre des personnes qui les pousse à se porter aide mutuelle. L'homme est lié aux autres et à la société non seulement pour assurer sa protection face aux aléas de la vie, mais aussi pour satisfaire son besoin vital de reconnaissance, source de son identité et de son humanité Cette valeur est minoritaire dans une société qui voit la montée en puissance de l’individualisme.  Dès lors, il s’agit pour l’AMO Color’Ados de favoriser la solidarité tant au niveau des familles que lors d’actions communautaires. L’AMO Color’Ados visera à consolider cette valeur en s’appuyant sur des mécanismes ou des processus pérennes. La précarité de certaines familles, avec lesquelles l’AMO Color’Ados travaille, n’est pas seulement une perte du lien à l’emploi ou qu’un manque financier, elle est aussi perte du lien social, identité fragilisée16,… C’est en renouant avec des mécanismes de solidarité que les situations pourront s’améliorer structurellement. C’est à ce long travail que veut participer l’AMO Color’Ados notamment dans les quartiers dits sociaux. Il faut ajouter que l’AMO Color’Ados continuera d’interpeller quand des mécanismes de solidarités institutionnels ou autres seront grippés.
 

  • L’authenticité.

La valeur « authenticité » est celle qui permet à l’AMO Color’Ados de travailler la différenciation, la valeur intrinsèque de l’individu. Prisonnier des effets de masse et de mode, le jeune a à construire son identité non pas à l’identique mais à l’aune de ses pairs en synthétisant et choisissant les valeurs auxquels il est confronté. Cette lutte est à voir comme celle permettant à tout individu de s’inscrire comme sujet et comme acteur singulier dans la société. Cela s’éloigne donc de la résurgence un peu molle du principe développé par les adeptes du développement personnel et du coaching en tout genre : « deviens qui tu es ».
 
Ces 4 valeurs forment les piliers du travail de l’AMO Color’Ados. Ce sont des valeurs qui sont discutées et partagées par l’équipe.
 
Au-delà de ces socles, deux modalités, deux principes guident la méthodologie d’action de l’AMO Color’Ados :

  • Le collectif comme outil d’intervention

Une constante à l’AMO Color’Ados est la prise en compte de la dimension collective d’une problématique. Soit dans sa cause, soit dans la réponse que nous pouvons y apporter. Cela vaut donc pour l’analyse que nous pouvons opérer d’une situation. La considération élargie voire décentrée de celle-ci, s’inscrit dans le courant systémique adopté par l’AMO Color’Ados.   Cela vaut aussi pour la réponse que nous pouvons apporter. Dans notre service, la construction du sujet se fait en référence avec l’intérêt des liens collectifs et d’une vie plus solidaire. Une attention sera toujours portée à l’ouverture vers une dimension collective, sans que cela ne devienne une finalité.   Exemple : une situation individuelle aura toujours la possibilité (et jamais l’obligation) de voir dans le travail collectif, un moyen supplémentaire et complémentaire à la résolution de sa problématique.  C’est dans cette tension entre l’individu et le collectif que nous inscrivons la notion d’autonomie qui se doit d’être éclairée et confrontée au cadre dans lequel elle s’exerce. Le jeune n’est pas appelé à vivre hors de la société, mais bien dans celle-ci. Il s’agira alors de lui permettre l’apprentissage, la compréhension et la prise de conscience des procédures de la démocratie.
 

  • La non-institutionnalisation.

 
Cette valeur vient en contrepoids des autres valeurs. Elle vise à  permettre aux individus et aux collectifs à garder la maîtrise de leur devenir. Ainsi, le service veillera à « se retenir », à éviter de faire ce que d’autres peuvent faire, a fortiori quand ce sont les bénéficiaires eux-mêmes qui peuvent le faire. L’institutionnalisation vient en référence à ce qu’E. Goffman appelait « l’institution totale » à savoir une impossibilité de pouvoir vivre en dehors du système de l’institution.  Le travail de l’AMO Color’Ados est de permettre aux bénéficiaires de garder une autonomie d’action. Il s’agit aussi d’envisager prioritairement la résolution de difficultés par les personnes elles-mêmes, par des structures sociales,… Cela peut se réaliser par l’acquisition de compétences, par l’organisation de solidarités, par l’idée de voir l’intervention de l’AMO Color’Ados comme un catalyseur. Exemple : Mobiliser les bénéficiaires vivant la même situation problématique autour d’un projet en leur offrant les compétences et les moyens nécessaires à la résolution de celle-ci.

Mise en œuvre et évaluation
 
Le projet pédagogique est écrit par le Directeur. Mais il est soumis à un travail collectif préalable en équipe et si possible, avec l’aide d’un superviseur. Celui-ci a été réalisé avec l’apport méthodologique de RTA ASBL. Après l’écriture, le projet pédagogique est réexaminé, le cas échéant corrigé et ensuite approuvé en équipe.
 
Le projet a été soumis au CA qui l’a approuvé. Il a également été proposé à la lecture de l’inspection pédagogique.
 
Les Conseils Pédagogiques sont les moments-clés de l’évaluation du Projet Pédagogique et de l’adéquation des projets menés avec celui-ci.
 
Ainsi, une certaine topologie du travail peut être dessinée en fonction des valeurs sous-tendant les projets menés et ceci peut conduire à alimenter la réflexion générale du service : quelles sont les valeurs défendues pour le moment, pourquoi pas les autres, avec quel public,…
 
Le service      

L’AMO Color’Ados est une ASBL qui n’a qu’une composante, à savoir le service AMO situé au centre de Braine-l’Alleud, près de la gare. Il existe depuis 1981 de la volonté des acteurs sociaux et politiques de l’époque et particulièrement de la coordination sociale et du CPAS.
 
L’AMO Color’Ados est donc un service d’Aide aux Jeunes en Milieu Ouvert (AMO) agréé et subventionné par la Communauté française. Il est un maillon original dans la chaîne des services de l’Aide à la Jeunesse :
 
Milieu Ouvert Nous travaillons avec les jeunes dans leur milieu de vie, nous retrouvons les jeunes dans leurs quartiers, en ville, à l’école, en famille,…  
 
Service de prévention. Notre activité se situe dans le champ de la prévention. Ce terme au sens  parfois dévoyé, est un élément clé de notre action. L’AMO Color’Ados souscrit pleinement à l’avis N°50 du Conseil Communautaire de l’Aide à la Jeunesse.  
 
L’objectif de notre travail est de permettre une réponse rapide en tenant compte d’une connaissance fine et effective du terrain en termes de ressources, de difficultés, d’appuis,… Concrètement, le travail que nous menons avec des jeunes développe des compétences de citoyenneté, d’autonomie, d’estime de soi, de relation aux autres, d’ancrage social de manière a permettre à ces jeunes de se faire une place dans la société mais aussi d’avoir les ressources suffisantes pour affronter les difficultés inhérentes à la vie.
 Le jeune est au centre de l’action Le travail à l’AMO Color’Ados se fait avec le plein et explicite accord du jeune  (et/ou celui de sa famille) et tout ce qui est entrepris se fait avec lui et sous son approbation. Cela permet au jeune de travailler en toute confiance avec notre service, qui lui, assure en retour toute confidentialité.  
 
Un travail professionnel Ancré dès ses débuts dans la vie associative locale, l’AMO Color’Ados a développé très vite un travail de qualité axé principalement sur le travail en famille avec l’expertise de ses travailleurs formés, entre autres, à l’analyse systémique.  
 
Attention particulière envers les plus démunis Un autre choix a été celui de l’attention portée aux familles les plus précarisées via un travail de proximité qui était tantôt un travail de rue, tantôt un travail de quartier.
 
Ancrage local Avec le développement à Braine-l’Alleud d’un service jeune de la commune appuyé par la région wallonne (actuellement Plan de Cohésion Sociale), l’AMO Color’Ados a opéré de nouveaux choix de travail, en s’inscrivant dans la complémentarité et en renforçant son identité propre.
 
A Waterloo, plusieurs tentatives de structuration du travail avec la commune ont avorté mais les liens avec les acteurs sociaux sont solides.